RUDDIREN, RUTREN ou ISSUREN, [Histoire moderne | Mythologie] d'Holbach5 (Page 14:427)

RUDDIREN, RUTREN ou ISSUREN, (Hist. mod. & Mythologie.) c'est un des trois dieux du premier ordre qui sont l'objet du culte des Banians ou idolâtres de l'Indostan; ses deux associés sont Ram ou Brama & Vistnou. Voyez ces deux articles. Ce dieu a 1008 noms différens; mais Ruddiren est celui que lui donnent le Vedam & le Shaster, qui sont les deux livres fondamentaux de la religion des Indes. Les Malabares l'appellent Ichuren, Issuren, Ipsuren, Ipsara; sur la côte de Coromandel & à Karnate, on le nomme Esvara. Ceux des Basnians & des Malabares qui le préferent aux deux autres dieux ses confreres, l'appellent Mahaden ou le grand dieu. D'autres lui donnent le nom de Chiven, le vrai dieu, l'être suprème, quoique le Vedam dise formellement qu'il n'est que le dernier dans l'ordre de la création, & que la fonction qui lui a été assignée par l'être suprème, est de détruire, tandis que celle de Ram ou Brama est de créer, & celle de Vistnou de conserver les êtres. Suivant les fictions des Indiens Ruddiren est d'une taille si prodigieuse, qu'il remplit les 7 mondes d'en - bas, & les 7 cieux; on le représente avec trois yeux, dont un est au milieu du front; ce dernier est si étincelant, qu'il consume, dit - on, tous les objets sur lesquels il se porte. Ce dieu a 16 bras. Il est couvert de la peau d'un tigre, & son manteau est la peau d'un éléphant entourée de serpens. Il porte trois chaînes autour du col, à l'une desquelles est suspendue une cloche. Dans cet équipage on le transporte monté sur un boeuf appellé Irishipatan, qui est lui - même un objet de vénération pour les Indiens. Ce dieu est regardé comme le Priape de l'Indostan; c'est pour cela que dans quelques pagodes ou temples il est représenté sous la figure du membre viril, ou comme les parties de la génération des deux sexes en conjonction: c'est ce que les Indens appellent linga ou lingam, pour lequel ils ont la plus haute vénération, au point que plusieurs femmes portent cette figure

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obscène pendue à leur col. On assure même qu'aux environs de Goa & de Kananor, les nouvelles mariées se font déflorer par ce Priape, avant que de passer dans les bras de leurs époux. On croit que sous cet emblème, les bramines ont voulu représenter la génération de toutes choses, à laquelle, suivant quelques - uns, le dieu Ichuretta qui est le même que Ruddiren, est censé présider. Ce dieu impudique a des religieux qui se consacrent à son service, & qui demeurent constamment dans ses temples; ils vont quelquefois tout nuds dans les rues de Kananor & de Mangalor, en sonnant une clochette; alors toutes les femmes, de quelque rang qu'elles soient, sortent de leurs maisons pour venir toucher & pour baiser avec respect les parties de la génération de ces serviteurs du dieu. Voyez l'histoire universelle d'une société de savans anglois. Hist. mod. tome VI. in - 8°.
Il y a dans l'Indostan trois sectes consacrées au culte de Ruddiren ou Ischuren; elles se distinguent par le lingam que portent les sectaires: il est fait de crystal. On les enterre assis, & on ne brule point leurs corps, comme ceux des autres bramines. Ces trois sectes sont comprises sous le nom de Chiwakalan ou Chivamadam.

SUANTEWITH, [Mythologie] d'Holbach5 (Page 15:560)

SUANTEWITH, s. m. (Mythologie.) nom d'une divinité adorée par les habitans de l'île de Rugen, dans la mer Baltique, & à qui ils consacroient le tiers du butin qu'ils faisoient sur leurs ennemis, parce qu'ils croyoient que c'étoit ce dieu qui les assistoit dans les combats. Quelques auteurs ont nié l'existence de cette divinité, & ont prétendu que le Suantewith des Rugiens étoit saint Wit martyr; mais il y a lieu de croire que cette opinion n'est point fondée, & que ce n'est qu'une certaine conformité dans les noms qui y a pu donner lieu. Voyez Keyssler, voyage.

TENSIO-DAI-SIN, [Mythologie | Cultes] d'Holbach5 (Page 16:140)

TENSIO - DAI - SIN, s. m. (Mythologie & culte.) c'est le plus grand dieu des Japonois qui professent la religion du sintos; on le regarde comme le patron & le protecteur de l'empire. On celebre sa fête le seizieme jour du neuvieme mois, avec une pompe & un magnificence extraordinaire.


THOR, [Mythologie] d'Holbach (Page 16:296)

THOR, s. m. (Mythol.) divinité adorée par les anciens peuples du nord. Il étoit l'aîné des fils d'Odin; il régnoit sur les airs, lançoit la foudre, excitoit & appaisoit les tempêtes; faisoit du bien aux hommes, & les protégeoit contre les attaques des géants & des mauvais génies. On le regardoit même comme le défenseur & le vengeur des dieux. On représentoit Thor à la gauche d'Odin son pere; il avoit une couronne sur la tête, un sceptre dans une main, & une massue dans l'autre. Quelquefois on le peignoit sur un char traîné par deux boucs de bois, avec un frein d'argent, & la tête couronnée d'étoiles. On croit que Thor étoit la même chose que le Mithras des Perses ou que le Soleil. Les peuples du nord célébroient en son honneur une grande fête, nommée juul; elle se célébroit au solstice d'hiver; on y faisoit

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des sacrifices pour obtenir une année abondante. On se livroit d'ailleurs à la joie; on faisoit des festins & des danses; & M. Mallet croit que c'est cette fête qui a donné lieu aux réjouissances que les peuples du nord font encore aujourd'hui, à l'occasion des fêtes de Noël. Par les fonctions que la mythologie celtique attribuoit au dieu Thor, César l'a confondu avec le Jupiter des Grecs & des Romains. Lucain lui donne le nom de Taranis, mot qui signifie encore aujourd'hui tonnerre, chez les habitans de la principauté de Galles en Angleterre. Le même jour de la semaine qui étoit consacré à Jupiter chez les Romains, c'est - à - dire le jeudi, étoit consacré à Thor chez les peuples du nord, & il s'appelle encore aujourd'hui Thors dag, le jour de Thor; d'où est venu le thur's day des Anglois, qui signifie le jeudi. Voyez l'introduction à l'hist. de Danemarck. ( - )

VALHALLA, [Mythologie] d'Holbach5 (Page 16:821)

VALHALLA, s. m. (Mythologie.) c'est le nom que la Mythologie des anciens Celtes, Scandinaves ou Goths, donne à un séjour de délices, destiné pour ceux qui périssoient dans les combats; valhalla étoit le palais du dieu Odin; les plaisirs dont on y jouissoit étoient conformes aux idées guerrieres de ces peuples avides de combats. Ils supposoient donc que ceux qui étoient admis dans le valhalla, avoient tous les jours le plaisir de s'armer, de passer en revue, de se ranger en ordre de bataille, & de se tailler en pieces les uns les autres; mais des que l'heure du festin étoit venue, les héros retournoient dans la salle d'Odin, parfaitement guéris de leurs blessures; là ils se mettoient à boire & à manger; leur boisson étoit de la biere & de l'hydromel, qu'ils buvoient dans les crânes des ennemis qu'ils avoient tués, & qui leur étoit versée par des nymphes appellées valkyries. On voit combien une pareille doctrine étoit propre à inspirer le courage & le desir d'une mort glorieuse dans les combats, à ces peuples qui ont conquis la plus grande partie de l'Europe.
L'entrée du valhalla n'étoit promise qu'à ceux qui périssoient dans les combats, toute autre mort étoit regardée comme ignominieuse; & ceux qui mouroient de maladie ou de vieillesse, alloient dans le niflheim ou dans l'enfer destiné aux lâches & aux scélérats. Voyez l'Introduction à l'histoire de Danemarck, par M. Mallet, & voyez Niflheim.

VALKYRIES, [Mythologie] d'Holbach5 (Page 16:821)

VALKYRIES, s. f. pl. (Mythologie.) C'est le nom que les anciens Scandinaves ou Goths donnoient à des Nymphes, qui habitoient le valhalla, c'est - à - dire paradis des héros, ou la demeure d'Odin; ce dieu les emploie par choisir ceux qui doivent être tués dans les combats. Une de leurs fonctions étoit de verser à boire aux héros qui avoient été admis dans le palais d'Odin; c'étoient aussi elles qui présentoient à ce dieu ceux qui mouroient dans les batailles. Voyez l'Edda des Irlandois.

VISTNOU, ou VISTNUM, [Histoire moderne | Mythologie] d'Holbach5 (Page 17:357)

VISTNOU, ou VISTNUM, s.m. (Hist. mod. Mythol.) c'est le nom que l'on donne dans la théologie des Bramines, à l'un des trois grands dieux de la premiere classe, qui sont l'objet du culte des

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habitans de l'Indostan. Ces trois dieux sont Brama, Vistnou & Ruddiren. Suivant le védam, c'est - à - dire la bible des Indiens idolâtres, ces trois dieux ont été créés par le grand Dieu, ou par l'être suprème, pour être ses ministres dans la nature. Brama a été chargé de la création des êtres; Vistnou est chargé de la conservation; & Ruddiren de la destruction. Malgré cela, il y a des sectes qui donnent à Vistnou la préférence sur ses deux confreres, & ils prétendent que Brama lui - même lui doit son existence & a été créé par lui. Ils disent que Vistnou a divisé les hommes en trois classes, les riches, les pauvres, & ceux qui sont dans un état moyen; & que d'ailleurs il a créé plusieurs mondes, qu'il a rempli d'esprits, dont la fonction est de conserver les êtres. Ils affirment que le védam, ou livre de la loi, n'a point été donné à Brama, comme prétendent les autres Indiens, mais que c'est Vistnou qui l'a trouvé dans une coquille. Toutes ces importantes disputes ont occasionné des guerres fréquentes & cruelles, entre les différentes sectes des Indiens, qui ne sont pas plus disposées que d'autres à se passer leurs opinions théologiques.
Les Indiens donnent un grand nombre de femmes à leur dieu Vistnou, sans compter mille concubines. Ses femmes les plus chéries sont Lechisni, qui est la Vénus indienne, & la déesse de la fortune, dont la fonction est de gratter la tête de son époux. La seconde est Siri pagoda, appellée aussi pumi divi, la déesse du ciel, sur les genoux de qui Vistnou met ses piés, qu'elle s'occupe à frotter avec ses mains. On nous apprend que ce dieu a eu trois fils, Kachen, Laven, & Varen; ce dernier est provenu du sang qui sortit d'un doigt que Vistnou s'est une fois coupé.
Ce dieu est sur - tout fameux dans l'Indostan, par ses incarnations qui sont au nombre de dix, & qui renferment, dit - on, les principaux mysteres de la théologie des Bramines, & qu'ils ne communiquent point ni au peuple ni aux étrangers. Ils disent que ce dieu s'est transformé 1°. en chien de mer; 2°. en tortue; 3°. en cochon; 4°. en un monstre moitié homme & moitié lion; 5°. en mendiant; 6°. en un très - beau garçon appellé Prassaram ou parecha Rama; 7°. il prit la figure de Ram qui déconfit un géant; 8°. fous la figure de Kisna, ou Krisna; dans cet état il opéra des exploits merveilleux contre un grand nombre de géants, il détrôna des tyrans, rétablit de bons rois détrônés, & secourut les opprimés; après quoi il remonta au ciel avec ses 16000 femmes. Les Indiens disent que si toute la terre étoit de papier, elle ne pourroit contenir toute l'histoire des grandes actions de Vistnou, sous la figure de Kisna; 9°. il prit la forme de Bodha, qui, suivant les Banians, n'a ni pere ni mere, & qui se rend invisible; lorsqu'il se montre il a quatre bras: on croit que c'est ce dieu qui est adoré sous le nom de Fo, dans la Chine, & dans une grande partie de l'Asie; 10°. la derniere transformation de Vistnou, sera sous la forme d'un cheval aîlé, appellé Kalenkin, elle n'est point encore arrivée, & n'aura lieu qu'à la fin du monde.
Le dieu Vistnou est le plus respecté dans le royaume de Carnato, au - lieu que Ram ou Brama est mis fort au - dessus de lui, par les bramines de l'empire du Mogol; & Ruddiren est le premier des trois dieux, pour les Malabares. Voyez Ram & Ruddiren.
Ceux qui voudront approfondir les mysteres de la religion indienne, & connoitre à fond l'histoire de Vistnou, n'auront qu'à consulter l'histoire universelle d'une société de savans Anglois, tom. VI. in - 8°.


ZAMOLXIS, [Mythologie] d'Holbach5 (Page 17:690)

ZAMOLXIS, s. m. (Mythol.) génie supérieur qui fleurissoit long - tems avant Pythagore; & l'on place le tems auquel Pythagore a fleuri, ses voyages & sa retraite en Italie, entre l'an 376 & 532. Zamolxis devint après sa mort le grand dieu des Thraces & des Gétes, au rapport d'Hérodote. Il leur tenoit même lieu de tous les autres; car ils ne vouloient honorer que celui - là. Il fut d'abord esclave en Ionie, & après avoir obtenu sa liberté, il y acquit de grandes richesses, & retourna dans son pays. Son premier objet fut de polir une nation grossiere, & de la porter à vivre à la maniere des Ioniens. Pour y réussir, il fit bâtir un superbe palais, où il régaloit tour - à - tour tous les habitans de sa ville, leur insinuant pendant le repas, que ceux qui vivoient ainsi que lui, seroient immortels, & qu'après avoir payé à la nature le tribut que tous les hommes lui doivent, ils seroient reçus dans un lieu délicieux, où ils jouiroient éternellement d'une vie heureuse. Pendant ce tems - là,

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il travailloit à faire construire une chambre sous terre; & ayant disparu tout - d'un - coup, il s'y renferma & y demeura caché pendant trois ans. On le pleura comme mort; mais au commencement de la quatrieme annee, il se montra de nouveau, & sa vue frappa tellement ses compatriotes, qu'ils crurent tout ce qu'il leur avoit dit. Dans la suite ils le mirent au rang des dieux, & éleverent des temples en son honneur.